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Sept romans sur la nature pour l’été

Pour cet été, je vous propose 7 romans autour de la nature écrits par des femmes : Barbara Kingsolver, Isla Morley, Delia Owens, Jean Hegland, NASHIKI Kaho, Bérengère Cournut, Eva Meijer. Chacune de ses autrices mettent en valeur des femmes au caractère fort, chacune à leur manière. On y croisera des scientifiques oubliées de l’histoire, des ados orphelines, des quinquagénaires… On y parle de violences faites aux femmes, de racisme et de préjugés avec toujours un fil conducteur : la nature. Tous ces personnages féminins conservent un lien étroit avec l’environnement qui les entoure.

Je vous souhaite un bel été en espérant que ces livres vous plaisent autant qu’à moi. On se retrouve le 5 septembre.

Des vies à découvert, Barbara KINGSOLVER

Couverture du livre Des vies à découvert de Barbara Kingsolver

Résumé : 2016, Willa et sa famille emménage, à Vineland dans le New Jersey, dans une maison qu’elle a hérité de sa tante. Elle est journaliste au chômage, son mari Iano professeur non titulaire à l’université. Les fins de mois sont difficiles. Elle doit aussi s’occuper de son beau-père gravement malade et d’un petit-fils, dont elle a la garde suite au décès de sa mère. Elle se bat pour maintenir sa famille à flot et sauver sa maison qui menace de s’effondrer. Elle est bien aidée par sa fille Tig, débrouillarde qui par magie rempli le réfrigérateur. Trouvera-t-elle dans les archives de la ville un moyen de sauver sa maison et sa famille ?

1871, Thatcher Greenwood emménage à Vineland avec sa femme Rose, sa belle-mère Aurélia et sa belle-sœur Polly dans la même maison. Il est professeur de sciences et tente d’enseigner les théories de Darwin à l’école de Vineland. Mais la ville est tenu par Landis, bienfaiteur de la ville qui s’oppose fermement à ses théories. Thatcher doit sauver sa place à l’école mais aussi sauver sa maison, qui s’effondre elle-aussi. Heureusement, il se lie d’amitié avec Mary Treat, sa voisine, une scientifique méconnue aujourd’hui qui entretenait une correspondance avec Charles Darwin.

Barbara Kingsolver nous plonge dans deux époques avec pour fil conducteur une maison trop vétuste qui menace de tomber en ruine. Elle dépeint avec précision la société actuelle américaine avec la montée de Trump et la dégringolade de la middle class suite à la crise économique. Les deux enfants de Willa ne s’en sortent pas financièrement. Zeke, l’ainé, s’est endetté pour faire des études à Harvard et peine à rembourser ses dettes. Tig, la cadette, employée dans un restaurant, permet à la famille de Willa de survivre grâce à ces bons plans. Au 19ème siècle, elle brosse le portrait d’une société qui peine à accepter les changements. Le maire de la ville, Landis, est un protecteur pour ses habitants mais a bâti sa fortune grâce à elleux.

Comme souvent dans les romans de Barbara Kingsolver, ce livre est porté par des personnages féminins forts. Willa, la mère courage, qui tente de sauver maison et famille, Tig, la fille, qui porte des idées écologiques et de sobriété et enfin, Mary Treat, une entomologiste et botaniste que son mari à quitter, qui vit grâce à la publication de ses travaux scientifiques.

Contrairement à ses romans précédents, la nature est moins présente. On l’a découvre en filigrane mais dans son nouveau roman, elle s’attache plutôt à la critique du populisme, de l’obscurantisme et l’arrivée de Trump au pouvoir. Des vies à découvert est un très beau roman. Je regrette seulement le choix du titre en français qui n’a pas la même force que celui en anglais, Unsheltered.

Si vous ne connaissez pas Barbara Kingsolver, je vous invite à lire Dans la lumière ou Un été prodigue, deux de ces romans que j’ai énormément apprécié.

Le vallon des lucioles, Isla MORLEY

Résumé : En 1937, dans le cadre du New Deal, Ulis Massey, journaliste et Clay Havens, photographe partent en reportage dans le Kentucky. Dans un village reculé des Appalaches, ils apprennent l’existence d’un famille étrange qui vit à l’écart de toustes. À la recherche d’un scoop pour relancer leurs carrières respectives, les deux hommes cherchent à les contacter. Ce scoop c’est l’existence de personnes à la peau bleutée. La rencontre avec Jubilee, la jeune fille de la famille, va transformer à jamais la vie de Clay. Mais la révélation de l’existence de jeunes gens à la peau « bizarre » va entraîner le déchaînement de la haine et de la violence dans une société pleine de préjugés…

Couverture du livre Le Vallon des Lucioles d'Isla Morley

Derrière l’histoire d’amour, on plonge au cœur de l’Amérique profonde de la fin des années 30 avec ses préjugés et son racisme. La famille Bufford vit en marge de la société car certains des membres de cette famille naissent avec la peau bleue. Il s’agit d’une maladie génétique, la méthémoglobinémie, dont il existe aujourd’hui un traitement. Faute d’accès à ce traitement, cette famille vit en autarcie en exploitant des terres cachées dans le forêt. Tout se passe bien jusqu’à l’arrivée de deux journalistes à la recherche d’un scoop. La violence se déchaîne alors, sur fond de rejet de personnes différentes. Cette histoire est inspirée d’un fait réel est en avant tout un hymne à la tolérance et à l’acceptation de la différence.

Outre l’histoire d’amour, la nature a une place de choix dans ce roman, véritable plongée au cœur des Appalaches. La famille Bufford vie en harmonie avec la nature dont elle dépend. Elle a une vie simple et rustique. La jeune fille de la famille, Jubilee, a un respect profond des animaux et n’hésite pas à les soigner. Ce roman est une véritable ode à la nature.

Ce premier roman d’Isla Morley est une vraie réussite, une pépite à mettre entre toutes les mains.

Là où chantent les écrevisses, Delia OWENS

Couverture du livre Là où chantent les écrevisses de Délia Owens

Résumé : Kya, une jeune fille abandonnée par toute sa famille est amené à survivre dans des marais inhospitaliers. Surnommée la fille des marais par les habitant·es de la ville voisine, elle survit grâce à quelques âmes généreuses et une connaissance pointue de ce marais.

Kya n’est pas la fille sauvage que tout le monde croit. Sa rencontre avec Tate va la transformer à jamais. Il lui apprend à lire et à écrire. Elle découvre les sciences naturelles et la poésie à ses côtés. Mais Tate doit partir pour poursuivre ses études. C’est pour Kya un deuxième abandon. Encore une fois seule, elle se tourne vers un autre garçon et ne se méfie pas assez. Sa vie va bientôt basculer.

Au delà du thème de l’abandon, des préjugés et de la solitude, l’autrice nous mène dans les traces de Kya qui fait corps avec son marais, sa faune et sa flore. Pour elle, cette nature est une protection, un lieu qu’elle connaît par cœur et sait en déjouer les pièges. Mais pour les habitant·es de la ville voisine, ce marais est un milieu hostile. Delia Owens décrit cette nature avec précision et nous fait voyager dans ce marais.

Le personnage n’est pas seulement une petite fille abandonnée, livrée à elle-même. Il est beaucoup plus complexe qu’il en devient attachant. Le lien de Kya avec la nature lui permet d’oublier sa solitude. Ses rencontres avec la civilisation vont être à la fois heureuses et douloureuses. Il y a les alliés, Tate en premier mais aussi Jumping et Mabel, ses parents de substitution et les ennemis, tous ces autres qui ne supportent pas la différence.

Les préjugés et le racisme ne sont jamais loin. Nous sommes dans les années 60 et Delia Owens souligne bien l’étroitesse d’esprit de certain·es.

Là où chantent les écrevisses est un magnifique premier roman de Delia Owens. On s’attache rapidement à Kya et on voyage dans les descriptions somptueuses du marais où elle vit.

Delia Owens a publié un deuxième roman Le cri du Kalahari racontant 7 années de sa vie de zoologue à côté de son mari, dans cette zone désertique d’Afrique.

Dans la forêt, Jean HEGLAND

Résumé : Nell et Eva sont deux sœurs de dix-sept et dix-huit ans qui vivent dans leur maison familiale au cœur de la forêt. Mais tout a changé : il n’y a plus d’électricité et d’essence, plus de radio, d’internet. Les trains, les voitures et les avions ne circulent plus. Dans leur chalet reculé, la vie de ces deux jeunes adultes continue. Pour l’une, c’est la passion de la danse, pour l’autre l’écriture et la lecture. Cependant après la disparition de leurs parents, elles devront apprendre à grandir et à survivre dans une société qui s’effondre. Mais elles pourront faire confiance à la forêt pour s’en sortir.

Couverture du livre Dans la forêt de Jean Hegland

Dans la forêt est un roman puissant, magnifiquement écrit et profondément émouvant. Dans ce roman d’apprentissage, les deux sœurs devront trouver leur nourriture, apprendre à chasser, connaître et récolter les plantes de la forêt, cultiver leur potager mais elles devront aussi faire face aux dangers venant des animaux ou des hommes. L’écriture de Jean Hegland met en valeur la nature mais pour une fois la description de la fin d’une civilisation est très réaliste. Véritable roman écologique, Dans la forêt délivre un message clair, universel, sensible et humain proposant au lecteur une véritable réflexion sur nos modes de vies occidentaux. Succès de librairies, Dans la forêt est salué par les lecteurs et lectrices ainsi que les critiques.

Jean Hegland a publié un deuxième roman Apaiser nos tempêtes.

L’été de la sorcière, NASHIKI Kaho

Couverture du livre L'été de la sorcière de NASHIKI Kaho

Résumé : Mai, une adolescente japonaise passe un été chez sa grand-mère. Angoissée, Mai a été déscolarisée et pour se reposer part vivre au milieu de la forêt. Chez sa grand-mère d’origine anglaise et un peu sorcière, elle va apprendre à se faire confiance, vivre en harmonie avec la nature et faire son apprentissage de sorcière.

Dans ce court roman, l’autrice nous plonge dans ces souvenirs d’enfance. On y côtoie la nature et le surnaturel. On apprend à ralentir et à appréhender ses émotions. Plein de douceur sans y occulter la mort, ce livre est un petit bijou. Mai va se transformer au fil des pages et redevenir une adolescente pleine de joie de vivre.

Un seul regret quand même, l’ajout de trois chapitres à la fin du livre lors de la réédition de celui-ci qui n’apporte pas à mon sens une véritable plus-value.

Si vous souhaitez découvrir la littérature japonaise féminine, je vous conseille le livre d’INABA Mayumi, La péninsule aux 24 saisons. On suit la lente reconstruction d’une jeune femme en désaccord avec le monde et qui entreprend de se redécouvrir. Un an soit 24 saisons pour les Japonais·es, c’est le temps qu’il lui faudra pour s’apaiser.

De pierre et d’os, Bérengère COURNUT

Résumé : Uqsuralik, une jeune Inuit, est séparée de sa famille quand, une nuit, la banquise se fracture. Dorénavant, elle devra se débrouiller seule dans cette longue nuit polaire. Trouver un refuge, chasser pour survivre dans cet univers extrême devient son quotidien. Petit à petit, à travers les épreuves, elle deviendra une femme.

Couverture du livre De Pierre et d'os de Bérengère Cournut

L’autrice nous plonge dans l’univers Inuit, fruit de ses recherches dans les archives de Jean Mallorie et de Paul-Emile Victor. De ce travail, elle en tire un roman puissant et initiatique. On découvre les difficultés à vivre sur cette banquise où une petite erreur coûte la vie, mais aussi la vie en communauté et une entraide nécessaire à la survie. L’autrice nous partage aussi une partie de la culture Inuit, leurs traditions et leurs légendes avec la retranscription de chants Inuits et leurs fameux chants de gorge.

De pierre et d’os est un roman à la fois violent et touchant qui m’a permis d’entrevoir la vie des Inuits du Groenland, un mode de vie mis en danger par l’arrivée de l’homme blanc et les conséquences du changement climatique.

Le cottage des oiseaux, Eva MEIJER

Couverture du livre Le cottage aux Oiseaux d'Eva Meijer

Résumé : Dans ce roman, Eva Meijer raconte la vie de Len (Gwendolen) Howard, une violoniste britannique qui a décidé vers l’âge de 40 ans de se consacrer à l’étude des oiseaux. Cette ornithologue amatrice va dès lors consacrer sa vie à l’observation des oiseaux de la campagne anglaise. Son approche novatrice dans l’étude du comportement animal va influencer de nombreux scientifiques. Elle écrira deux livres dans les années 50 Birds as Individuals (traduit en français sous le titre L’oiseau cet inconnu) puis Living with Birds. Malheureusement ces titres ne sont plus édités. Elle a aussi écrit des articles pour des revues d’ornithologie.

Le travail de Len Howard est tombé dans l’oubli à l’instar de celui de nombreuses de ses consœurs. Encore un effet Matilda ! Le roman de Eva Meijer permet de le faire connaître. Ce récit romancé se base sur des faits réels. Eva Meijer a pu consulté les archives de l’ornithologue. L’autrice nous relate le lien privilégié de Len Howard avec la nature et les oiseaux, qui rentrent et sortent à leur gré de son cottage mais aussi l’histoire d’une femme libre qui a refusé les conventions de son époque.

Connaissez-vous un de ces romans? Avez-vous lu un de ces romans?

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Crédit photo : Caio via Pexels pour la photo de couverture

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