dans un filet en tissu, des légumes (concombre, oignons nouveaux, un poivron vert, un poivron rouge, 3 carottes) et une pomme. Le tout posé sur un support en bois
Ecologie individuelle Justice environnementale Justice sociale

Pourquoi l’écologie individuelle seule ne sauvera pas la planète ?

Le rapport Faire sa part ?1 du Cabinet Carbone 4 paru en juin 2019 et détaillé dans l’article Faire sa part, les écogestes et après? montre que l’action individuelle permet de réduire son empreinte carbone de 25 % à 50 % suivant son engagement et ses moyens financiers. Afin d’atteindre les 2 tonnes d’émissions de gaz à effet de serre par personne en 2050, l’État et les entreprises doivent aussi faire leur part. Si le changement de comportements à titre individuel n’est pas vain, il est utile de rappeler que l’écologie individuelle prônée depuis des années ne peut pas tout. Cependant, utiliser ce rapport pour pousser à l’inaction et rejeter la faute sur les pouvoirs publiques et les industriels est une erreur. L’individu n’est pas le seul responsable du changement climatique mais toutes ses actions sont nécessaires et il·elle doit passer à l’action en fonction de ses moyens financiers et du temps dont il·elle dispose.

Un des reproches que je pourrais faire à ce rapport est qu’il se base sur quelques gestes mais aussi sur des moyennes. Or une personne riche et une personne pauvre ne contribueront pas de la même manière au dérèglement climatique. Quel est le poids des multinationales dans cette crise climatique ? Avant de se culpabiliser soi-même ou rejeter la faute sur autrui, peut-on relier plus finement les émissions de gaz à effet de serre à la richesse détenue par habitant de la planète ?

Plus on est riche, plus on pollue

En septembre 2020, l’ONG Oxfam a commandé un rapport au Stockholm Environment Institute2 sur les inégalités des émissions de CO2. Elle révèle que les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté de 60 % entre 1990 et 2015 et a conduit au doublement des émissions cumulées au cours de ces 25 ans. Plus de la moitié des émissions de CO2 (52%) cumulées sur cette période sont attribuées aux 10 % de personnes les plus riches soit environ 630 millions d’individus. Quant aux 3,1 milliards de personnes les plus pauvres (50 % de la population mondiale) elles ont contribué seulement à 7 % des émissions de CO2 cumulées. Ce rapport révèle les inégalités extrêmement fortes en terme d’émissions carbone que l’on peut résumer comme ceci : plus on est riche, plus on pollue.

Graphique montrant la part de émissions CO2 cumulées (1990-2015) et la part du budget en fonction des revenus par habitant
Part des émissions cumulées de CO2 (1990 – 2015) et du budget carbone mondial pour une limitation du réchauffement à 1,5°C en fonction du revenu par habitant (Source : Combattre les inégalités des émissions de CO2 , Oxfam France, 2020)

Au cours de ces années (1990-2015), les émissions des plus riches ont continué à croître tandis que celle des plus pauvres a stagné. La sortie de l’extrême pauvreté dans les pays émergents comme la Chine et l’Inde a conduit à l’apparition d’une classe moyenne et une augmentation des émissions de CO2. Mais les 10 % les plus riches, une minorité à l’échelle de la population mondiale, sont responsables de presque la moitié de la croissance des émissions de CO2 entre 1990 et 2015.

Cette croissance d’émissions de CO2 est directement lié au niveau de vie et donc à la consommation. Non seulement les riches épuisent très rapidement le budget carbone3 mais privent les plus vulnérables et les générations futures d’une vie décente, deux catégories qui contribuent le moins à la crise climatique. Rappelons aussi que la crise climatique affecte particulièrement les femmes, les minorités, les personnes âgées, les plus pauvres et non les hommes blancs qui détiennent en grande majorité la richesse.

Les 10 % les plus riches vivent majoritairement en Amérique du Nord (États-Unis) et en Union Européenne. Au cours de ces 25 dernières années, le Moyen-Orient, la Chine et l’Inde ont vu l’apparition d’une classe ultra aisée qui contribue de plus en plus aux émissions de CO2.

Ces personnes ultra riches sont des grandes consommatrices de transports polluants. En 2020, une étude publiée dans Nature Energy4, comparant la consommation d’énergie et les revenus par habitant de 86 pays (pays développés et en développement), révèle que les 10 % des plus riches consomment 45 % de l’énergie liée aux transports terrestres et 75 % de celle de l’aviation. Pour les 50 % les plus pauvres, la consommation liée aux transports est très faible : 10 % de l’énergie est associé au transport terrestre et 5 % à l’aviation. La majeure partie de leurs émissions est due à la préparation des repas et au chauffage des logements.

Les ultra-riches, représentant 1 % de la population mondiale, sont loin d’avoir une empreinte carbone de 2 tonnes éqCO2, objectif à atteindre en 2030 selon les projections du GIEC pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C. Elle est de l’ordre 70 tonnes éqCO2 par an et par personne, soit 35 fois plus élevée que l’objectif de 2030 et 100 fois plus que celle des 50 % de la population la plus pauvre dont l’empreinte carbone est inférieure à 2 tonnes par an et par habitant. Pour rappel, l’empreinte carbone moyenne pour un·e Européen·ne est d’environ 10 tonnes éqCO2 par an et par habitant, en Amérique du Nord 20 tonnes et seulement 1,6 tonnes en Afrique Sub-Saharienne5.

photo d'un vol d'un avion avec ses trainées de condensation
Crédit photo : Sevenstorm Juhaszimrus via Pexels

Si on s’intéresse plus particulièrement à l’Europe, l’article de Ivanova et Woods6 montre que les 10 % des Européen·nes les plus riches contribuent à 27 % de l’empreinte carbone totale de l’Union Européenne (en moyenne 23 tonnes éqCO2/pers/an) soit l’équivalent de 50 % les plus pauvres (26% de l’empreinte carbone totale de l’UE, 5 tonnes éqCO2/pers/an. La majeure partie des émissions de gaz à effet de serre est due au transport notamment l’aviation pour les 1 % des plus riches Européen·nes et correspond à environ 40 % de leur empreinte carbone. Les inégalités en terme d’émissions de CO2 et de revenus se retrouvent entre les pays membres de l’UE mais aussi au sein des États. Sans surprise, les pays les plus peuplés et les plus riches comme l’Allemagne, l’Espagne, la France et l’Italie concentrent les plus gros émetteurs de CO2. Les 10 % les plus riches de ces pays (environ 26 millions de personnes) émettent plus de gaz à effet de serre que l’ensemble de la population de 16 États membres de l’UE (env. 84,8 millions de personnes)8. Cependant, les disparités existent à l’intérieur des pays membres. Par exemple, au Luxembourg, les 1 % les plus riches ont une empreinte carbone de 214 tonnes de CO2 par an. Ce chiffre reflète les revenus très élevés de ce pays, un des plus riches du monde. Au contraire de la Pologne, où les inégalités de revenus sont très importantes et où l’économie est fortement dépendante du charbon. Les 10 % les plus riches (3,8 millions de personnes) ont une empreinte carbone équivalente à celle de la population de la Suède (9,8 millions d’habitants).

Les ultra-riches ont donc une responsabilité fondamentale dans les émissions de gaz à effet de serre car ils·elles sont les principaux émetteurs et ont les plus grandes capacités de réductions de leurs émissions. Cependant les politiques publiques à destination des plus aisés sont absentes du débat publique.

Politiques environnementales et justice sociale en Europe

Si les émissions de CO2 liées à la consommation ont baissé de 12 % sur la période 1990 – 2015, les inégalités de revenus se sont aggravés en Europe comme le montre l’étude d’Oxfam et du Stockholm Environment Institute7. Les émissions des Européen·nes les plus pauvres ont baissé de 24 % (216 millions de personnes), celles des « classes moyennes » (173 millions de personnes) de 13 % contrairement aux 10 % (43,6 millions de personnes) les plus riches qui ont augmenté de 3 % et de 5 % pour le 1 % (4,7 millions de personnes) les plus riches. Pour atteindre l’objectif de 2 tonnes d’émissions de CO2, les ultra-riches européens doivent diviser leur empreinte carbone par 30 tandis que la moitié la plus pauvre de la population européenne par 2.

Les transports sont à l’origine de 25 % des émissions de carbone à l’échelle mondiale. Cependant, la part des revenus consacrée au transport (achat et entretien de véhicule, carburants, voyages en avion) n’est pas la même suivant notre niveau de vie. L’exemple du mouvement des gilets jaunes, débuté en octobre 2018 en France, contre l’augmentation des prix des carburants10 montre qu’une partie de la population subit de plein fouet la hausse d’une taxe à visée environnementale. Dans le même temps, le transport aérien est peu ou pas taxé9 et ce sont les plus riches qui en sont les plus grands consommateurs. Comme le rappelle Lucas Chancel dans son rapport Climate change & the global inequality of carbon emissions, 1990-20205, les 50 % les plus pauvres dans les pays riches (Amérique du Nord, Union Européenne) respectent déjà ou sont très proches de l’objectif de l’émission de 2 tonnes de CO2 par an et par personne. L’effort des politiques publiques doit donc se concentrer sur les plus riches afin qu’ils réduisent drastiquement leurs émissions carbone tout en accompagnant les plus pauvres dans leur transition (aide pour l’achat de véhicules moins polluants, développement de transports en commun efficace en ville et à la campagne, rénovation des logements…). La mise en place de taxes sur les billets d’avions (vols fréquents, classe affaires) et autres produits de luxe (SUV, jets privés, yachts, multiples propriétés, tourisme spatial …) permettraient de remettre de la justice sociale et environnementale dans les luttes contre le changement climatique.

Si la consommation des ultra-riches, notamment le transport et l’achat de produits de luxe, participe en grande partie à une empreinte carbone démesurée lié à la consommation, ils et elles possèdent un capital financier important, responsable lui aussi d’émissions de gaz à effet de serre non négligeables. Et trop souvent passé sous silence.

Vue sur des buildings en verre dont le siège de Citi, HSBC, Barclays, State Street
Crédit photo : Expect Best via Pexels

Patrimoine financier et émissions de CO2

Non seulement les riches consomment plus et donc polluent plus mais leurs placements financiers ont un impact notable sur les émissions de gaz à effet de serre. En février 2022, l’ONG britannique Share Action12 révélait que de grandes banques européennes comme HSBC, Barclays ou BNP Paribas continuaient à investir dans les énergies fossiles. En France, Reclaim France pointait du doigt la banque Crédit Agricole qui continue à financer de nouveaux projets dans l’industrie du charbon en contradiction avec sa stratégie climat13.

Dans l’étude conjointe de Greenpeace France et du cabinet Carbone 414, le patrimoine financier des 1 % les plus riches émet 66 fois plus de gaz à effet de serre (189 tonnes éqCO2 par an) que celui des 10 % les plus pauvres (2,9 tonnes éqCO2 par an). D’autre part, en 2017, les ménages français assujetti à l’ISF émettaient près d’un tiers des gaz à effet de serre lié au patrimoine financier.

Greenpeace France propose donc de créer un ISF climatique afin de taxer les revenus financiers en fonction de leur empreinte carbone. L’argent récolté serait investi dans la transition écologique14. Cette mesure permettrait de réduire les inégalités sociales et environnementales.

Les banques jouent un rôle considérable dans le changement climatique en finançant les entreprises les plus polluantes. Mais quel est le poids des entreprises dans les émissions mondiales de gaz à effet de serre?

Les multinationales, un modèle insoutenable pour le climat

En février 2021, l’ONG Oxfam France publiait un rapport sur l’empreinte carbone de 25 grandes entreprises françaises15. En moyenne, une entreprise du CAC40 émet annuellement environ un quart des émissions de gaz à effet de serre de la France. BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale et Total ont même, chacune, une empreinte carbone supérieure à celle de la France. Sans surprise, on retrouve aux trois premières places, trois banques très impliquées dans le financement d’énergies fossiles.

Un autre indicateur pertinent est l’intensité carbone, défini comme la quantité de CO2 émise par l’entreprise pour un euro de chiffre d’affaires. En excluant les banques, des entreprises comme Total ou le cimentier Lafarge Holcim sont en tête du classement. les entreprises les plus polluantes sont toutes issues du domaine de l’énergie, du transport ou du BTP. Dans le domaine de de l’aviation, Airbus génère 66 fois plus de gaz à effet de serre que la SNCF par euro de chiffre d’affaires, Air France 23 fois plus et Dassault Aviation 14 fois plus. L’avion est aussi le mode de transport privilégié par les plus riches.

La majorité des entreprises du CAC40 ont une empreinte carbone considérable et sans changement de comportements, leur trajectoire d’émissions de CO2 nous entraîne vers un réchauffement d’au moins 3,5°C en 2100.

Cependant, peu de grandes entreprises font des efforts pour respecter les accords de Paris. Leurs bénéfices sont majoritairement redistribués aux actionnaires et très peu aux salarié·es. Quant aux investissements sur la réduction de leur empreinte carbone, il y a beaucoup de communication mais peu de stratégies concrètes quand celles-ci ne sont pas tout simplement suffisantes. En février 2022, NewClimate Institue et Carbon Market Watch révélait dans leur étude16 que 25 des plus grandes entreprises mondiales17 ne s’engageaient à réduire que de 40 % leurs émissions de gaz à effet de serre contrairement à leur engagement d’être neutre en carbone entre 2030 et 2050.

Le mot Taxes écrit sur un fond de billets de 50 dollars américains
Crédit photo : Karolina Grabowska via Paxels

Aux riches et aux multinationales de faire le plus d’efforts

La communication des États et des entreprises s’est focalisé sur les efforts individuels pour limiter le réchauffement climatique. Mais nous ne sommes pas tous égaux face au réchauffement climatique et notre empreinte carbone est corrélé à notre niveau de vie. Plus on est riche, plus on pollue mais plus on a les moyens d’abaisser nos émissions de CO2. De part leurs revenus et leur patrimoine financier (leur argent sert à financier les industries les plus polluants via les placements financiers) les plus riches sont les premiers contributeurs au dérèglement climatique que nous allons tous subir. Cependant, les politiques publiques de réduction des émissions de gaz à effet de serre ne sont pas axés vers les plus riches. Ils et elles payent moins d’impôts comparativement à leurs revenus, le transport aérien majoritairement utilisé par les ultra-riches n’est pas ou peu taxé.

Le rôle des plus grandes multinationales n’est pas à ignorer. Leurs émissions de CO2 sont considérables est parfois supérieures à des États comme la France. Mais leur politique en matière de réduction de leur empreinte carbone s’apparente bien souvent à du greenwashing.

Alors aux riches et aux multinationales de faire le plus d’efforts et de remettre en cause leur mode de vie.

A partir de quel revenu est-on riche en France?

C’est quoi être riche en France? L’observatoire des inégalités dans son rapport sur les riches en France a défini le seuil de richesse comme le double du revenu médian. En 2020, pour une personne seule, il s’élève à 3 470€, 5 205€ pour un couple, 7 287€ pour un couple avec deux enfants et 8 328€ pour un couple avec trois enfants. Les 10% les plus riches possèdent 25% de l’ensemble des revenus après impôts. 5,1 millions de personnes sont riches en France. Si on regarde par rapport au patrimoine, être riche correspond au triple du patrimoine médian soit 490 000€. Il y a 4,6 millions de personnes riches grâce à leur patrimoine. Les 10% les riches possèdent presque la moitié du patrimoine de l’ensemble des Français·es.

Dans le rapport d’Oxfam, le seuil de revenus par habitant·e est de 109 000$ pour les 1% des plus riches et 38 000$ pour les 10% les plus riches.

Ivanova et Wood définit le seuil de richesse à 18 700€ de revenus par an et par foyer et correspond aux 20% les plus riches des Européen·nes.

Connaissiez-vous le poids des ultra-riches et des multinationales dans les émissions mondiales de gaz à effet de serre?

Logo Empreinte Minimale . Au centre les lettres E et M superposés verticalement . Encercle au dessus le texte empreinte minimale, au dessous écologie consciente

Pour aller plus loin :

Calcul de l’empreinte carbone personnelle

https://www.myco2.fr/fr/

https://nosgestesclimat.fr/

Bibliographie :

1 Faire sa part?, Pouvoir et responsabilité des individus, des entreprises et de l’état face à l’urgence climatique, Rapport, Carbone 4, Juin 2019

2 Combattre les inégalités des émissions de CO2, Résumé, Oxfam, Septembre 2020

3 le budget carbone correspond au stock de carbone que l’humanité peut émettre dans l’atmosphère pour rester sous les 1,5°C fixés par les accords de Paris.

4 Oswald Y., Owen A., Steinberger J.K., Large inequality in international and intranational energy footprints between income groups and across consumption categories. Nature Energy, 5. pp. 231-239, 2020. https://doi.org/10.1038/s41560-020-0579-8

5 Chancel L., Climate change & the global inequality of carbon emissions, 1990-2020, World Inequality Lab, Paris School of Economics and Sciences Po, Décembre 2021

6 Ivanova D, Wood R, The unequal distribution of household carbon footprints in Europe and its link to sustainability. Global Sustainability 3, e18, 1–12, 2020. https://doi.org/10.1017/sus.2020.12

7 Combattre les inégalités des émissions de CO2 dans l’Union Européenne, Document d’information médias, Oxfam, Décembre 2020

8 Les 16 États membres sont la Finlande, la Grèce, la Hongrie, le Portugal, le Danemark , la Slovaquie, l’Irlande, la Bulgarie, le Luxembourg, la Lituanie, la Croatie, la Slovénie, l’Estonie, la Lettonie, Chypre et Malte.

9 Comment mettre fin au paradis fiscal dont bénéficie le transport aérien, article, Réseau Action Climat, 12/09/2019, consulté le 22/02/2022

10 En France, les très riches émettent 40 fois plus de carbone que les pauvres, mais les pauvres paient plus de 4 fois plus de taxe carbone en % de leurs revenus !, Article de blog, J. Gadrey, 20/11/2018, consulté le 22/02/2022

11 Pour sauver le climat, taxer les riches, Article, Reporterre, 04/01/2022, consulté le 22/02/2022

12 Net zero’ banks continue to finance oil & gas expansion, ignoring climate science, article, Share Action, février 2022

13 Charbon : le Crédit Agricole enfreint sa propre politique, Reclaim Finance, février 2022, consulté le 22/02/2022

14 L’argent sale du capital, Rapport, Greenpeace France, 2020

15 Climat : CAC degrés de trop, rapport, Oxfam France, 2021

16 Corporate Climate Responsibility Monitor 2022, Communiqué de Presse, NewClimate Institue et Carbon Market Watch, 2022

17 Accenture, Amazon, Apple, BMW Group, Carrefour, CVS Health, Deutsche Post DHL, Deutsche Telekom, Enel, E.ON SE, GlaxoSmithKline, Google, Hitachi, IKEA, JBS, Maersk, Nestlé, Novartis, Saint-Gobain, Sony, Unilever, Vale, Vodaphone, Volswagen, Walmart

Crédit photo : Benjamin Brunner Via Unsplash pour la photo de couverture

Vous pourriez également aimer...