Et s’il suffisait de supprimer ses emails pour sauver la planète? En mai dernier, la ministre de la transition énergétique, Agnès Pannier-Ruunacher appelait les Français·es à ne pas « envoyer de mails un peu rigolos à [nos] amis avec une pièce jointe » pour sauver la planète. Alors faut-il supprimer ses e-mails pour diminuer nos émissions de gaz à effet ? Analysons l’effet réel de ce petit geste.
L’empreinte carbone des emails
L’ADEME a récemment réexaminé le bilan carbone de l’envoi d’un e-mail. Pourtant, on retrouve souvent des chiffres assez anciens pas toujours sourcés sur internet : un email sans pièce jointe émet 4 gCO2e et 10 fois plus avec un pièce jointe. Ces chiffres sont-ils toujours valable en 2023 ?
Basile Fighiera, consultant en sobriété numérique, a recalculé le bilan carbone d’un email à partir d’analyses de cycles de vie. Si les valeurs dépendent des appareils (ordinateur, smartphone), du type de connexion (Wi-Fi, 4G), du nombre de destinataires ou de la présence et la taille de ou des pièces jointes, l’empreinte carbone d’un email est nettement inférieurs à celle utilisée précédemment. Ainsi un email sans pièce jointe envoyé à partir d’un smartphone en 4G émet 0,4 gCO2e.
Que se passe-t-il quand on multiplie les envois ?
Si un email émet peu de gaz à effet de serre, que se passe-t-il quand on multiplie les envois avec des pièces jointes notamment ? Est-ce que l’empreinte environnementale des courriers électroniques explose ?
Dans le monde, en 2022, on aurait envoyé 22 milliards de emails par jour bien loin des 122 milliards de spams expédiés par jour. Mais cette quantité impressionnante de courriels ne représente que 1 % du trafic mondial selon Basile Fighiera. A titre de comparaison, la vidéo consomme entre 60 et 82 % du trafic internet.
Pour résumé, selon les derniers calculs, un email seul émet moins de CO2 que les chiffres habituellement publiés. De plus, sur le total d’emails envoyé, 15 % sont des emails « authentiques » donc envoyer moins d’emails aurait que très peu d’effets. Enfin, le trafic des courriels est infime par rapport au trafic internet des vidéos.
En conclusion, arrêter envoyer des emails rigolos n’a aucun effet sur notre empreinte environnementale. Alors comment réduire son impact numérique sur le climat ?
D’où viennent les émissions du numérique ?
Le secteur du numérique représente environ 3 à 4 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde et 2,5 % en France. Aujourd’hui la part du numérique est faible mais ce secteur devrait connaître une croissance de 60 % en 2040. A cette date, le numérique devrait représenter 6,7 % des émissions de gaz à effet de serre pour la France. Si les emails ne sont pas aussi polluants que l’on imagine, d’où viennent les émissions du numérique ?
Pour envoyer ou recevoir un email, il faut un ordinateur ou un smartphone, un réseau internet et des datacenters. De nombreux rapports le souligne, notamment ceux de GreenIT, la phase de fabrication des terminaux, ordinateurs, tablettes ou smartphones est la plus impactante. Elle émet des gaz à effet de serre et monopolise beaucoup de ressources (métaux, eau) entraînant de nombreuses pollutions. Pour réduire l’impact de ses emails, il faut simplement prolonger la durée de vie de ses appareils et surtout ne pas les multiplier.
Les bonnes pratiques à mettre en place pour l’envoi de mails
Si toutefois vous aimeriez avoir un usage raisonné des courriels, voici quelques conseils.
Tout d’abord, posez-vous la question de l’utilité de son envoi ? Est-il nécessaire d’envoyer une réponse du type « Merci » à l’expéditeur ?
Ciblez les destinataires. N’envoyez votre email qu’à la ou les personnes réellement concernées.
Usez de la touche Répondre à tous avec parcimonie. Voulez-vous répondre seulement à l’expéditeur ou à toute la liste de diffusion ?
Envoyez un SMS ou allez parler à votre collègue dans son bureau pour transmettre une information.
Privilégiez le Wi-Fi à la 4G.
Compressez les pièces jointes. Utilisez le cloud de l’entreprise pour les fichiers volumineux ou des sites de transferts de fichiers.
Comment réduire efficacement son empreinte carbone ?
Non ! Supprimer ses emails ou arrêter d’envoyer des emails rigolos ne sauvera pas la planète. Mais les gestes individuels à mettre en place sont nombreux même s’ils ne suffiront pas.
En premier, évaluez votre empreinte écologique pour mettre en place les actions les plus pertinentes à votre échelle.
Ensuite vous pouvez agir sur votre alimentation, votre mobilité, votre épargne ou l’isolation de votre logement.
Quelques articles du blog à (re)lire pour vous y aider :
Saviez-vous que supprimer vos emails n’avait que très peu d’impacts sur les émissions de gaz à effet de serre ?
Crédit photo : (Pexels) pour la photo de couverture
