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Les fêtes de fin d’année peuvent-elles être écolo ?

Période attendue par certain·es ou redoutée par d’autres, les fêtes de fin d’année sont dans tous les cas une période où l’écologie est mise de côté. Entre la décoration, le sapin, les cadeaux, les emballages, les déplacements et les repas, il y a de quoi dépasser les limites de ce que peut supporter notre environnement. Émissions de gaz à effet de serre, déchets et gaspillage… passons en revue l’impact environnemental de Noël et du Nouvel An.

Crédit photo : Humphrey Muleba (Pexels)

Les pratiques de consommation des Français·es à cette période

L’étude1 de l’ADEME parue le 1er décembre permet de nous éclairer sur la consommation des Français·es à cette période. En partenariat avec l’Observatoire Société & Consommation, ces deux organismes ont interrogé un panel de Français·es sur leurs pratiques durant les fêtes.

69 % d’entre nous se disent préoccupé·es par les questions environnementales. Dans le même temps, nous restons très attaché·es aux fêtes de fin d’année. 72 % des Français·es y accorde de l’importance. C’est un moment de convivialité pour 61 % d’entre nous. Si un Français·e sur deux a déjà pensé aux impacts environnementaux que peuvent avoir les fêtes de fin d’année, seulement 41 % pensent que c’est une période à fort empreinte écologique. Les jeunes (18-24 ans) y sont plus sensibles que les plus âgé·es. Pourtant les personnes qui prennent en compte, au moins un peu, les enjeux environnementaux se heurtent soit à l’incompréhension de leur entourage (23%) ou ne sont pas à l’aise (13%).

20 % des Français·es n’ont jamais réellement pensé à l’impact écologique de leur choix en matière de consommation ou de mobilité lors des fêtes de fin d’année.

Les impacts environnementaux des fêtes de fin d’année, Ademe et ObSoCo, décembre 2022

En conclusion, si nous nous sentons concerné·es par l’écologie, nous avons du mal à faire le lien entre consommation à cette période et impact écologique. Les foyers modestes, les personnes peu diplômées ou vivant en ville sont plus conscientes de la démarche commerciale des fêtes de fin d’année. Les plus précaires et les jeunes ont une propension plus élevée à prendre en compte les enjeux environnementaux à cette période de l’année.

Crédit photo : Anthony Cantin (Unsplash)

L’impact écologique de Noël

Selon l’ADEME2, ce sont nos cadeaux (57%) puis nos déplacements (25%) qui émettent le plus de gaz à effet de serre, viennent ensuite l’alimentation (15%), les décorations (2%) et les déchets (1%).

Émissions de gaz à effet de serre lors des fêtes de fin d’année (Source : Comment organiser un Noël plus écolo?, clés pour agir, ADEME)

En 2007, une étude3 britannique avait estimé que les fêtes de fin d’année émettaient 650 kg de dioxyde de carbone par personne soit 5,5 % de l’empreinte carbone d’un·e britannique sur une année.

En 2021, l’application Greenly, qui mesure l’impact carbone de nos dépenses au quotidien, a rapporté que les émissions du réveillon de Noël étaient 14 fois plus élevées qu’une soirée normale. Un foyer émettraient en moyenne 396 kg de CO2. Les cadeaux représentent 59 % des émissions juste devant le repas (23,5%).

Comme il est compliqué d’avoir une idée globale de l’impact écologique des fêtes de fin d’année, je vais analyser les conséquences de chaque secteur qui participe à la magie de Noël.

La décoration de Noël

Crédit photo : Brett Sayles (Pexels)

Le sapin naturel

Selon l’ADEME, le sapin représente 52 % des émissions de gaz à effet de serre des décorations de Noël.

En 2021, 20 % des foyers français ont acheté un sapin de Noël (naturel ou artificiel). Il se vend environ 6 millions de sapins de Noël naturels chaque année en France. Le sapin artificiel représente moins de 3 % des ventes chaque année. Nous sommes donc très attaché·es au sapin naturel et le Nordmann représente 81 % des ventes. Il gagne chaque année en popularité. Nous achetons majoritairement des sapins coupés (>90%) et plus de la moitié d’entre nous l’achète avant le 10 décembre. Après les fêtes, 81 % le recyclent soit à domicile soit en le rapportant à un point de collecte pour un·e Français·e sur deux4.

Le sapin de Noël naturel est une culture horticole qui ne participe pas à la déforestation. 80 % des sapins naturels vendus en France sont produits sur le territoire. Il faut 7 ans pour qu’un sapin atteigne la taille de 1,5 mètres. Cependant, cela reste une monoculture intensive dépendante d’engrais chimiques et de pesticides qui provoque des crispations en particulier dans le Morvan.

Le sapin en plastique ou alternatif

Autre alternative au sapin naturel, le sapin artificiel. Selon l’étude Kantar de 20214, il y aurait 14 millions de sapins artificiels en France. Fabriqué en Asie, c’est un mélange de plastique et de métal. Il a l’avantage de pouvoir être réutilisé plusieurs fois. Mais pour compenser ses impacts liés à sa fabrication et à son transport, il doit être gardé au moins 20 ans d’après une étude d’analyse de cycle de vie de 20095. Cependant, selon l’étude ADEME de 20221, les sapins artificiels sont conservés en moyenne 8 ans mais 20 % s’en débarrassent au bout de 3 ans. Ils ne peuvent pas être recyclé. Aujourd’hui de plus en plus de sapins en bois sont commercialisés et offrent un meilleur choix.

Dernière alternative, le sapin DIY (Do It Yourself). Vous pouvez le fabriquer à partir d’une palette, de bois récupéré, de livres, de tissus, de carton… Laissez parler votre imagination.

Bien choisir son sapin

Plusieurs options s’offrent à vous pour choisir un sapin de Noël, certaines étant plus écologiques que d’autres. Mais dans tous las cas, aucune n’est parfaite. Il faudra faire attention aux détails. Vous pouvez opter pour :

  • un sapin naturel cultivé localement et labellisé. Les labels recommandés par l’ADEME sont Plante bleue, MPS (label néerlandais), Max Havelar et AB. A la fin de fêtes, il faudra le recycler. On évite les sapins floqués. Impossible à recycler, ils seront incinérés. De plus, ils dégagent des polluants dans les logements. On peut opter aussi pour la location, peu connue ou le sapin en pot à condition d’avoir beaucoup de place dans son jardin pour le replanter.
  • un sapin artificiel mais il faut le garder longtemps : au moins 20 ans. Attention : il ne se recycle pas.
  • un sapin alternatif fait maison avec de la récup est l’option la plus écologique. Et bien sûr on le réutilise chaque année.
Crédit photo : Ma Boîte A Photos (Pexels)

La décoration

Les Français·es gardent leurs décorations pendant 5 ans mais un ménage sur deux en rachètent chaque année. Les décorations données ou achetées de seconde main le sont pour des raisons économiques plus que pour des raisons écologiques, sauf pour la décoration faite maison.

Une décoration écolo

Pensez à une décoration naturelle : pommes de pin, tranches d’oranges séchées (à faire soi-même), liège, houx, lierre, jolis papiers, rubans, ficelles pour fabriquer boules et guirlandes… On misera aussi sur la pâte à sel ou la pâte autodurcissante. Pour décorer ses fenêtres, le blanc de Meudon est idéal. La décoration la plus écologique est celle que l’on réutilise.

On évitera la neige artificielle, la peinture non-labellisée ou les paillettes qui libèrent des composés nocifs dans la pièce.

Crédit photo : wal 172619 (Pixabay)

Les illuminations

Pendant les fêtes de fin d’année, le sapin et les maisons sont décorées avec des guirlandes lumineuses. 7,2 millions de ménages installent des décorations extérieures, en moyenne 4. Elles restent allumées durant toute la période des fêtes, principalement la nuit. Selon l’ADEME, les guirlandes lumineuses restent allumées 178 heures soit 7,5 jours en moyenne.

Aujourd’hui, ces guirlandes sont constituées de LEDs qui consomment beaucoup moins d’énergie que les anciennes, jusqu’à 95 %. Dans le cas d’une consommation modérée, cela reviendra à moins de 1 euro par jour, selon Rémy Rousset, cité par Le Parisien. Une guirlande lumineuse consomme en moyenne 50 watts par heure. Si cela est peu, c’est la multiplication des guirlandes qui est problématique. En 2011, l’ADEME estimait que les illuminations pendant les fêtes consommaient 1 300 MW (MégaWatt) soit la consommation d’une centrale nucléaire. Les trois quarts sont dues aux ménages.

Bien choisir ses guirlandes de Noël

Misez sur la sobriété. Installez-en peu et ne les laissez pas allumer toute la nuit. Vous pouvez pour cela opter pour des minuteurs ou des guirlandes solaires. Gardez-les précieusement car comme tout produit électronique, il est difficile de les recycler à 100 %. Un quart de la consommation d’électricité des illuminations de Noël est lié aux collectivités. La bonne idée : allez vous balader en ville pour les admirer.

Crédit photo : Tom Hill ( Unsplash)

Les feux d’artifices

Il est traditionnel de tirer des feux d’artifices à la Saint-Sylvestre. Mais quelques soit la période, ils rejettent dans l’atmosphère des particules métalliques et autres polluants qui nuisent à la santé des personnes et à l’environnement. Une étude de 20196 montrent que les taux de certains métaux comme le cuivre ou l’aluminium restent élevés dans l’atmosphère pendant plusieurs semaines.

Sur la faune, notamment les oiseaux, les feux d’artifices du réveillon du Nouvel An ont un réel impact. En Pologne, des pies désertent leur site de perchage à ce moment7. Au Pays-Bas, les scientifiques observent des envols massifs d’oiseaux au moment des tirs ce qui perturbent leur repos8.

Crédit photo : Markus Spiske (Pexels)

Les cadeaux

Les cadeaux représentent le plus grand impact écologique à Noël. Selon l’ADEME1, plus de 300 millions de cadeaux sont offerts dont 1 million est directement jeté car ils ne plaisent pas. Et 12 millions ne sont jamais utilisés. Le top 3 des cadeaux de Noël sont les vêtements (396%), les jouets (19%) et des livres (18%). Ce sont les cadeaux électroniques qui sont les plus grands émetteurs de CO2. La bonne idée est d’offrir des objets numériques reconditionnés.

1 million de cadeaux de Noël est directement jeté car ils ne plaisent pas.

Les impacts environnementaux des fêtes de fin d’année, Ademe et ObSoCo, décembre 2022

En 2019, un Français·e sur deux se disait prêt·e à acheter d’occasion9 et 72 % des jeunes de moins de 15 ans accepteraient de recevoir des jouets d’occasion à Noël. Certains jouets comme les jeux de construction ou de société ont une durée de vie de plus de 15 ans10.

Les Français·es offrent en moyenne 7 cadeaux pour les fêtes de fin d’année et les trois quarts sont neufs et emballés dans du papier cadeau lui aussi neuf1. A cette période, c’est 20 000 tonnes de papiers cadeaux qui sont consommées chaque année. Citeo observe une hausse de 15 % des déchets d’emballages2 à cette période.

Un cadeau à Noël écolo, c’est possible ?

Déjà on mise sur moins mais mieux. Pour offrir moins, on s’inspire du Canada et de la Grande-Bretagne.

Au Canada, il y a la tradition du Secret Santa . Cela consiste à tirer au sort la personne parmi les convives que vous gâterez cette année et lui trouver le cadeau qui lui plaira. C’est écologique et économique.

En Grande-Bretagne, c’est la règle des 4 cadeaux qu’on applique surtout pour les enfants. Le principe est d’offrir :

  • un cadeau qui fait envie pioché dans le liste au Père Noël
  • un cadeau immédiatement utile
  • un cadeau qui se porte
  • un cadeau qui se lit

Pour offrir mieux, on opte pour des produits reconditionnés (jouets, produits numériques…), de seconde main (vêtements, jouets…), des produits labellisés (AB, GOTS, Nature & Progrès, EPEAT, Ecolabel européen…) Pour les enfants, la première règle, c’est d’offrir moins. Puis on misera sur l’occasion avec des jouets avec le moins de plastique et sans piles.

Les alternatives au papier cadeau sont nombreuses : le furoshiki, les boites et les sacs réutilisables, les totes bags, des papiers récup comme les cartes routières… Le papier cadeau est recyclable à condition qu’il ne soit ni plastifié ni pailleté.

Crédit photo : George Bakos (Unsplash)

Les déplacements

En 2021, le secteur des transports représentent 30 % des émissions de gaz à effet de serre en France. Pour plus de la moitié, elles proviennent des voitures particulières11. Noël plus que le Nouvel An est une fête de famille. Un ménage français parcourt en moyenne 300 kms pour y assister. La majorité des déplacements se font en voiture. Les déplacements pour les fêtes de fin d’année sont indispensables. Il est souvent difficile de trouver un moyen moins polluant pour se déplacer comme le train, cher, et qui ne dessert pas tout le territoire. Au lieu de se focaliser sur cette période pour réduire son empreinte transport, vous pouvez envisager de changer de mobilité au quotidien.

Limiter l’impact des déplacements à Noël

Rouler moins vite, éviter les autoroutes sont deux moyens simples mais très efficaces pour émettre moins de gaz à effet de serre et de limiter ses dépenses en carburant.

Crédit photo : vivienviv0 (Pixabay)

Les repas

Les fêtes de fin d’année sont souvent associées à des repas traditionnels (dinde, produits de la mer, foie gras). Aujourd’hui, ces mets ne sont plus si exceptionnels et peuvent se déguster en toute saison. Les produits carnés ont un impact environnemental important. En France, l’agriculture représente 19 % des émissions de gaz à effet de serre dont 49 % pour l’élevage11. Hors les repas végétariens ne sont envisagés que dans 5 % des cas1. Le GIEC mais aussi de nombreuses études (ici et ) recommandent de végétaliser son alimentation. Ces repas festifs émettent donc plus de gaz à effet de serre que les repas habituels. Les principaux contributeurs sont les desserts et la viande2.

Enfin le chocolat, un produit très offert et consommé pendant les fêtes a un impact environnemental non négligeable. Il doit rester un produit de luxe et être savouré avec modération.

Les fêtes de fin d’année sont aussi synonyme de gaspillage. 83% des repas sont préparés en quantité excessive par rapport au nombre de convives. En conséquence, 3 kgs de nourriture par ménage sont gaspillées pendant les fêtes ce qui représentent 76 kilotonnes de nourriture jetée2.

Un repas de fêtes écolo

Dans l’idéal, il faudrait préparer des repas en quantité raisonnable. On optera pour des produits de saison, locaux, bios et équitables si possible. On limitera la viande et les produits de la mer. Et pour les plus téméraires, pourquoi ne pas cuisiner un repas 100 % végétarien. Il existe de nombreuses versions végétariennes pour le foie gras ou le saumon. Le côté iodé des huîtres peut être amené par les algues.

Crédit photo : Alsu Vershinina (Unslpash)

Les fêtes de fin d’année peuvent-être écolo ?

Oui à condition d’être sobre. Mais face au marketing, à la publicité et à la pression familiale, difficile de résister. Tout au long de cet article, je vous ai proposé mes conseils. A vous de choisir ceux qui, pour vous, sont les plus faciles à appliquer.

Les fêtes de fin d’année sont une période où nos émissions de gaz à effet de serre sont plus importantes mais elles ont aussi un impact sur la nature (feux d’artifices, déchets, élevage). Pourtant, ce lien nous échappe souvent. Depuis quelques années, le sapin alternatif se démocratise. Les cadeaux de seconde main ne sont plus tabou. Malheureusement ce changement est encore trop timide. Noël est avant tout une fête de famille. Dans les familles éclatées ou éloignées géographiquement, ces fêtes pourraient être un moment pour se retrouver sans se montrer trop démonstratif·ves.

Je vous souhaite de bonne fêtes de fin d’année.

Qu’envisagez-vous pour ces fêtes de fin d’année ?

Bibliographie :

1 Les impacts environnementaux des fêtes de fin d’année, Phase d’enquête quantitative – Rapport détaillé, ADEME et OBSOCO, décembre 2022.

2 Comment organiser un Noël plus écolo ? 6 idées à tester et autres astuces utiles, Clés pour agir, ADEME, 2022

3 G. Haq et al., The Carbon Cost of Christmas, Technical Report, Climate Talk, Stockholm Environment Institute, 2007

4 L’achat de sapins pour les Fêtes de Noël 2021, Bilan consommateurs, Kantar, 2022

5 Sylvain Couillard et al., Comparative Life Cycle Assessment (LCA) of Artificial vs Natural Christmas Tree, Ellipsos, 2009

6 Tanda S. et al, Impact of New Year’s Eve fireworks on the size resolved element distributions in airborne particles, Environment Internationational, 2019

7 Karolewski K., New Year’s Eve Fireworks Impact on the number of Magpies on the Roosting Place, International Studies on Sparrows, 2014

8 Shamoun-Baranes J., Birds flee en mass from New Year’s Eve fireworks, Behavioral Ecology, 2011

9 Un Noël juste parfait, Les tutos de l’ADEME, Novembre 2020

10 Noël : cette année, faites un cadeau à la planète, Infopress, ADEME, 2020

11 Dépasser les constats, mettre en œuvre les solutions, Rapport de Haut Conseil pour le Cliamet, Version Grand Public, 2022

Crédit photo : Amy T (Pexels) pour la photo de couverture

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